Histoire d'écoute et de réponses

« Celui qui écoute et répond ne répond pas à ce que dit l'autre, il répond... à ce qu'il a entendu. »
Jacques Salomé

Vous le savez maintenant, je m'efforce de ne plus QUE tendre l'oreille, mais d'écouter vraiment, adultes et enfants. Pour moi c'est plus facile avec les enfants qu'avec les grandes personnes, car nos petits bouts ont vraiment soif de cette écoute respectueuse, et surtout ils ne sont pas encore chargés de tous ces conditionnements anticommunicationnels que nous avons intégré. Alors on voit les résultats presqu'immédiatement.

Quand j'essaye de changer une phrase de demande, Dorian saisit l'occasion au vol et répond en général très positivement :

Au lieu de :

- Allez, viens ici, prend ton sirop, ça te feras du bien !

Je dis plutôt :

- Je me sens inquiète pour toi quand je vois que tu ne veux pas prendre ton sirop, j'ai peur que tu ne guérisse pas et que tu te sente mal.

Ou l'autre jour encore, Dorian se cachait pour ne pas prendre ce sirop, trop dégueu, il faut l'avouer, impossible de l'attrapper :

- Moi j'aurais bien envie de voir le garçon courageux qui se cache en toi... Tu veux bien me le montrer?

En 3 secondes, il était sur mes genoux, la cuiller en bouche.

Moi :     - Eh tu sais quoi... je l'ai vu !

Lui  :     - Qui ?!

Moi :     - Le garçon courageux en toi !

Le sourire de fierté qui est apparu sur son visage a illuminé ma journée...

Sans compter le sentiment d'orgueil qui est monté en moi; oui je suis comme ça aussi, j'ai sûrement encore besoin de me prouver que je suis quelqu'un de bien, que je ne suis pas aussi conne débile et à côté de la plaque que je crois que certaines personnes le pensent (vous suivez...? non ? ah ! Bon, je veux dire que j'ai encore besoin de prouver ma valeur aux autres et à moi-même, c'est ti pas malheureux ça, mais j'ai encore du boulot pour me débarrasser de ce sentiment polluant, voilou).

Maintenant, par contre, je me sens vraiment désemparée devant les accusations-questionnements de Dorian par rapport au fait que j'ai "volé" son papa à sa maman et que cela me transforme en sorcière méchante yiiiiek yiek yiek...

La dernière fois qu'il m'en a parlé, je lui ai demandé si c'était lui qui pensait ça, en lui assurant que je ne serais pas fâchée si c'était le cas : eh ben non hein, c'est sa maman !

J'ai bien essayé de lui apporter une réponse, mais celle-ci ne semble pas lui convenir... et à moi non plus d'ailleurs ! Est-ce que je n'entend pas sa véritable demande ou est-ce mon explication qui cloche... Et est-ce qu'il attendait une réponse en fait, ou avait-il seulement besoin d'une oreille écoutante et compatissante... pas facile de savoir avec un petit loulou de pas encore 5 ans.

Que cela doit être dur pour lui de se sentir partagé ainsi entre ce que maman dit (parole de maman = parole d'évangile, enfin quasi) et ce qu'il ressent réellement. Car je sens bien qu'il m'aime bien... ou alors j'essaye de m'en convaincre... je suis un peu perdue !

En même temps, je sens très fort que ce n'est pas non plus mon rôle de lui apporter des réponses à ce sujet. C'est une histoire qui concerne un ex-couple dont les protagonistes se trouvent être ses parents.

Vous savez déjà ce que la maman en pense et je lui en veux (pas pour la sorcière, je m'en tape qu'elle me voie ainsi, mais pour le fait qu'elle ne veuille pas laisser à Dorian la liberté de ses propres pensées et ressentis), mais ce n'est pas à moi de contrôler ce qu'elle dit à son fils.

Pour le papa, ben je ne voudrais pas le psychologiser mais je vais quand même le faire, ne suis-je pas une méchante sorcière, gniak gniak, mais je pense qu'il se sent encore énormément coupable d'avoir choisi (oui, en gras et en souligné car c'est bien de ça qu'il s'agit) de quitter la maman de son fils et que ça le stresse beaucoup d'avoir à répondre à son petit garçon alors qu'il a fait un choix qu'il n'assume pas encore totalement (par rapport à l'impression d'avoir "abandonné" son enfant). Il ne sais pas quoi répondre sans que ça passe pour une justification. Je lui ai conseillé d'aller trouver un pédo-psychiatre si le questionnement devenait trop pressant et pour lui, et pour Dorian.

L'apothéose de cette histoire, c'est que j'en ai parlé en bref à ma belle-mère (mais pourquoi faut toujours que je lui cause de ce genre de choses, je la trouve incompétente dans ces domaines ce qui ne veut pas dire qu'elle EST effectivement incompétente, mais moi je le pense très fort nondidju) et elle m'a répondu, incroyable mais vrai, j'en reviens toujours pas :

- Ben oui va, il ne faut pas trop faire attention à tout ce que les enfants disent, hein...

Mea culpa, j'aurais dû me taire, comme d'hab...!

Comments

[Maria]

;-)

Il y à des deux..del'indifférence j'esseie..vraiment..c'est qui fait leur fis!! moi suis trop ouvre bouche..ou tempérament latin ,comme tu dis.;pour me taire!

[Vivi]

Bèh oui Maria, les belles-doches hein...! ;0) Mais ça va, je fais pas (plus) trop attention à ce qu'elle dit, mais je me demande pourquoi je lui raconte encore tout ça. Ca ne me prend plus aux tripes comme avant, c'est déjà ça.

Toi, depuis le temps que tu la connais, je suppose que ses paroles "glissent sur la carapace de ton indifférence". Ou ton tempérament latin reprend-il le dessus?

Grosses bi-bises et plein de courage pour quand tu la verras... ;0)))

[Marira]

J'aime beaocup la façon dont tu parles a Dorian! tu est sur le bon truc! tu sais!! allez!! ne prête pas trop attention à la vielle bique ;-) " j'ai aussi un bon exemplaire"